Il y a quelques mois, Arnaud Montebourg posait à la une du “Parisien Magazine” en marinière pour vanter les mérites du “made in France”. Un joli coup média qui n’a malheureusement débouché sur rien de bien concret depuis et qui, à défaut de servir la cause de la France aux yeux du monde, à surtout permis à notre ministre national de connaître son quart d’heure de gloire avant qu’il ne se brûle les ailes sur les hauts fourneaux de Florenge. A bien y réfléchir, puisque le publicitaire Philippe Lentschener, PDG du groupe McCann et président de la mission “Marque France”, a remis aujourd’hui son premier rapport regroupant les mesures concrètes destinées à mieux valoriser les atouts de notre beau pays, ce n’est pas en octobre 2012 et en marinière que le ministre du Redressement productif aurait dû poser devant les objectifs, mais ce 28 juin 2013, veille du départ du 100e Tour de France, et le maillot jaune sur le dos.
“Le Tour, c’est la France !” c’est un jour exclamé il y a bien longtemps le Général de Gaulle, qui maîtrisait comme personne l’art de promouvoir son pays chéri avec son style bien à lui. À bien y regarder, aucun symbole n’est à même de fédérer aussi efficacement les habitants de la planète autour de la notion de marque France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une récente étude de la société Repucom, l’événement rayonne auprès de 11% de la population mondiale ! 770 millions d’êtres humains se déclarent ainsi fans de la Grande Boucle, dont le taux de notoriété atteint 47% dans le monde et 80% en Europe. L’épreuve, qui est diffusée dans 190 pays par environ 100 chaînes, bénéficie de 5 000 heures d’exposition en TV, et sa caravane médiatique se compose de 2000 journalistes, consultants, photographes accrédités pour 560 médias différents, dont 350 journaux, des agences de presse ou des sites Internet. Sans compter les 15 millions de spectateurs qui se pressent au bord des routes pour encourager le peloton. Vous en connaissez beaucoup vous, des événements capables de renouveler chaque année de telles performances ?
Au-delà de sa couverture médiatique unique au monde, la force du Tour est de savoir s’exporter pour faire rayonner et fructifier son énorme barnum dans toujours plus de contrées. D’Amsterdam en 1954 jusqu’à la région du Yorkshire l’an prochain, en passant par Berlin-Ouest (1987), Saint Sebastien (1992), Dublin (1998), Liège (2004), Londres (2007) ou Rotterdam (2010), il se sera élancé de l’étranger à vingt reprises depuis sa création. Parce qu’il permet aux touristes de visiter le France en camping-car ou depuis leur canapé, le Tour reste, qui plus est, la meilleure vitrine de nos richesses nationales.
Aucune campagne de communication, aussi efficace soit-elle, ne parviendra à toucher autant de monde.
Parmi les recommandations formulées par la mission “Marque France” figure l’idée d’organiser “un moment de cohésion et de fierté nationale”. Une sorte “14 juillet économique” sensé valoriser aux yeux du monde la french touch. Plutôt que de se torturer les méninges pour trouver la date idéale, ses promoteurs devraient tout simplement le programmer pendant le Tour et ainsi profiter de sa formidable caisse de résonnance. Encore que compter sur la Grande Boucle pour doper l’économie nationale peut apparaitre cocasse et mériterait donc une sacré attention des pouvoirs publics…