Quantcast
Channel: Humeur – Les marques à la loupe
Viewing all articles
Browse latest Browse all 113

Tout ça pour ça !

$
0
0

Ce film choc veut dénoncer la passivité face au viol. En négligeant les règles de base de communication, il ne fait que la banaliser. Dommage !

Que penser du court-métrage « Je suis à l’heure » réalisé par Isabelle Quintard et Fabien Motte en lice pour la cinquième édition du Nikon Film Festival ? Le film entend dénoncer une réalité sordide : on peut se faire agresser et même violer en plein jour dans un espace confiné (le RER) au milieu de gens conscients de la situation mais impassibles. La scène, bien que non filmée est insoutenable. Inspirée de faits réels, elle ne dure que 2 min 20… 140 petites secondes, mais elle semble durer une éternité. La charge émotionnelle est forte, en termes d’audience, le film est un succès avec plus de 926 000 de vues trois semaines après sa mise en ligne sur le site du festival… Il ne lui manque qu’un objectif revendiqué pour être une vrai réussite. Si la motivation des réalisateurs est bien de dénoncer le viol et la non-assistance à personne en danger (c’est en tout cas ce qu’en disent les médias) on peut dire que le film est raté. En l’état, il ne fait que relater une triste réalité à laquelle on n’a pas envie d’assister, ni en vrai ni en film si ce dernier ne nous aide pas un peu à comprendre, à boucler la boucle. Le spot se termine comme il a commencé, l’air de rien. Il ne dénonce pas, il montre. Il n’incite pas à l’action ou à la réaction. Il dérange mais ne fait pas réfléchir. Tout au plus culpabilise-t-il l’usager du RER ou de la SNCF ce qui, en communication, n’est pas une approche pertinente et encore moins efficace. On le sait, passé un certain seuil de violence, le spectateur débranche. On le sait aussi, après avoir choqué les esprits d’un public, il est nécessaire de le reprendre en main, de le guider par des mots, des gestes, par une morale de l’histoire pour sortir de l’état de choc, comme l’a fait la Prévention routière dans son film « insoutenable » ou dans d’autres. Précédé ou suivi d’un message de prévention, d’information ou d’avertissement le film aurait pu rendre service ou sensibiliser 926 000 internautes, aider une association à se faire connaître ou à financer son travail d’aide aux victimes ou à la prévention des viols. Pour excuser le désagrément, on peut toujours se dire que ce film est avant tout une œuvre artistique, engagée certes, mais dégagée d’objectif publicitaire (le buzz généré par le film n’est d’ailleurs concentré que sur le site du festival, il n’a généré que 7000 vues sur YouTube). Dommage, il n’y a pas de honte à mettre son talent et son art au service de la pub quand c’est pour une bonne cause.

Cet article Tout ça pour ça ! est apparu en premier sur Les marques à la loupe.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 113

Trending Articles