En proposant le soda à volonté dans ses restaurants via des « DrinQ Spot », Quick a fait un choix lourd de conséquences.
L’affaire est passée presque inaperçue il y a une dizaine de jours : la chaîne de fast-food Quick propose désormais dans presque tous ses restaurants le soda à volonté. En principe l’argument, en flattant les bas instincts du consommateur lambda, devrait faire mouche et inciter les indécis à faire leur choix. Mais pas forcément dans le sens imaginé par Quick. Pour les familles modestes et les classes défavorisées –statistiquement plus touchées par les problèmes de surpoids et de malbouffe – l’offre est une aubaine qui permet aux parents d’offrir un petit plus à leurs enfants. Idem, pour les adolescents en recherche perpétuelle du bon plan, sans trop se poser la question de l’après (à mon âge je mange et bois ce que je veux, je ne grossis pas).
Passé l’idée de faire de la boisson une sorte de produit d’appel pour attirer le chaland, la décision de Quick est aussi lourde de conséquence pour la marque. En rejoignant le camp de KFC dont la plupart des restaurants a déjà opté pour l’open bar, elle fait le choix d’un positionnement plus populaire à tous les sens du terme. Côté plus, elle joue sur la corde ô combien sensible du prix en proposant ce qui peut être perçu comme une forme de gratuité des boissons. Ce qui en période de restriction budgétaire, de peur du lendemain ou plus simplement de peur de manquer est forcément entendu : Grâce à Quick, on en a pour son argent, voire plus !
Côté moins, on rappellera qu’en faisant de la quantité une promesse centrale de son discours, l’enseigne confirme sa foi en la consommation de masse. Laquelle est depuis quelques années sévèrement remise en question parce qu’elle incite à une surconsommation triplement nuisible. Elle est d’abord destructrice de ressources puisqu’elle n’assouvit pas un besoin vital ou même seulement formulé par les consommateurs, mais uniquement le développement de son business. Elle est aussi dangereuse dans la mesure où elle incite ses clients, surtout les plus jeunes, à se faire plaisir en se faisant du mal. Quick nous prépare une génération en surpoids – 46 % des Français le sont déjà – et fait le lit de l’obésité. La direction a beau expliquer dans les médias que les quantités de soda consommées n’ont que faiblement augmenté (+10% dans les établissements où les boissons sont proposées à volonté) une hausse, même légère, reste problématique les nutritionnistes s’accordant tous sur le fait que les sodas favorisent le surpoids, l’obésité et au-delà le diabète et l’hypertension.
Il est à craindre qu’à terme l’initiative ne ternisse l’image de Quick. En effet, en faisant du DrinQ Spot un argument fort la marque remet dans l’ombre les initiatives plus responsables mises en place ces dernières années comme la réduction du taux de gras dans ses sauces burgers, l’arrêt du sel dans les frites ou encore l’utilisation de compotes sans sucres ajoutés. Face à un McDonald’s se refusant (pour l’instant du moins) à ouvrir gracieusement son robinet à soda et dont la communication n’a de cesse de valoriser ses actions les plus vertueuses (intégration des salades, informations calorifiques, production locale, marque employeur…), Quick ne se facilite pas la tâche. Du moins à moyen et long termes.
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