La ministre propose d’arrêter de consommer du Nutella pour sauver la planète. Une attaque qui va (encore) finir en bon coup de pub pour la marque !
La ministre de l’écologie a choisi le Petit Journal, grand messe des jeunes (et des moins jeunes), pour s’en prendre à un de leurs produits iconiques : «Il faut arrêter de manger du Nutella par exemple parce que c’est l’huile de palme qui a remplacé les arbres. Et donc il y a eu des dégâts considérables». Après les parlementaires et leur proposition de taxe, la pression serait-elle montée d’un cran en mobilisant cette fois une ministre ? La marque doit-elle s’inquiéter ? A priori, la sortie de Ségolène Royal ne donne aucune raison valable pour Nutella d’arrêter l’huile de palme même si certains arguments sont justes : la culture de l’huile de palme est une cause de déforestation, elle serait même à 90 % responsable de la déforestation amazonienne. Mais dès lors que celle de Nutella est certifiée « responsable », cela signifie qu’elle ne fait pas partie des cultures nuisibles.
Par ailleurs, rappelons que nous avons affaire à une marque qui a réussi à fédérer et fidéliser ses consommateurs malgré une recette garantie « trop sucrée et trop grasse » autour d’une promesse : un goût unique (on dira ce qu’on veut, mais c’est bon le Nutella). Alors pourquoi irait-elle prendre le risque de rompre cette promesse en changeant sa recette ? D’autant qu’elle est loin d’être la seule à être concernée : l’huile de palme est utilisée par toute l’industrie agroalimentaire dès lors qu’elle a besoin de matière grasse, notamment parce qu’elle n’a absolument aucun goût et qu’elle est peu couteuse. A court terme, interdire son utilisation est donc un risque économique pour le marché tout entier. A plus long terme, on peut imaginer que les industriels trouvent un substitut ayant les mêmes vertus. Mais encore faudra-t-il que sa culture, forcément massive puisqu’il faut alimenter tout le marché, soit moins impactante que celle de l’huile de palme. Le produit reste à inventer.
En attendant, la sortie de Ségolène Royal fait de Nutella un sujet de conversation, un sujet médiatique, éditorial et non publicitaire donc plus écouté. Une conversation dans laquelle la marque est invitée à s’expliquer, en théorie pour se justifier, en pratique pour se faire valoir : « Consciente des enjeux environnementaux, l’entreprise tient à rappeler qu’elle a pris de nombreux engagements en la matière notamment concernant son approvisionnement en huile de palme, explique l’entreprise dans son communiqué officiel. Parce que la culture du palmier à huile peut aller de pair avec le respect de l’environnement et des populations, le groupe Ferrero s’engage à soutenir la création et le développement de filières durables. C’est ainsi que depuis 2013, avec deux ans d’avance sur ses engagements initiaux, Ferrero France utilise 100% d’huile de palme certifiée durable pour ses produits fabriqués à Villers-Ecalles en Normandie. Cet engagement permet à Ferrero de s’assurer que des forêts primaires ou autres espaces à haute valeur de conservation n’aient pas été sacrifiés pour des plantations de palmier à huile. » CQFD pour Nutella…
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